C’est avec une grande tristesse que l’API-IPA a appris le décès de Franco Papitto, membre de la première heure de l’API et membre du Conseil de l’API, et pendant des décennies la figure de proue des correspondants italiens à Bruxelles.
Franco est arrivé à Bruxelles en 1973, à l’âge de 30 ans, travaillant pour « Il Fiorino » et pour l’agence Radiocor, et à partir de 1976 collaborant avec La Repubblica, qui l’a engagé en 1980 comme correspondant pour les affaires européennes. Il couvre de façon magistrale les négociations de la politique agricole commune, le secteur le plus important de la Communauté européenne avant l’arrivée de Jacques Delors.
Toujours en 1980, il a fondé puis dirigé pendant cinq ans « la Lettre européenne », un journal sur abonnement dont il etait particulièrement fier, plein d’informations confidentielles, d’éclairages et d’explications sur les coulisses, de très bonne source, de ce qui s’est passé dans les institutions européennes. Ce que l’on appellerait aujourd’hui une newsletter, ante litteram.
Franco a suivi la grande aventure de la Commission Delors (1985-1995) avec l’achèvement du marché unique, puis la construction de l’Union européenne et de l’euro avec le traité de Maastricht.
Profondément cultivé et compétent, il frappait par sa modestie, sa bienveillance et sa grande ironie. Je n’ai jamais rencontré un journaliste moins égocentrique. Il ne comprenait pas et ne supportait pas l’anglais, il était francophone et amoureux de la culture française, et il n’a jamais cédé à la nécessité de communiquer principalement en anglais à Bruxelles, devenue impérative après l’élargissement de l’UE.
La révolution numérique lui déplaisait également. Franco aimait les livres, les documents, le papier imprimé, la réflexion et l’analyse approfondie, et détestait la superficialité.
Il a pris sa retraite en 2006 et a quitté Bruxelles pour retourner dans sa Calabre natale, où il a essayé, sans succès malheureusement, de devenir le véritable maire de sa ville natale, Maida (près de Lamezia), après avoir été le légendaire « maire » des correspondants italiens à Bruxelles pendant des décennies. Il s’est toutefois engagé dans diverses expériences journalistiques d’investigation locales, en dirigeant ‘Il Lametino’.
Après le décès en 2016 de sa femme bien-aimée Mirella Pagnanelli, correspondante d’Agi à Bruxelles, il a commencé à voyager entre Maida, au Portugal (où il a retrouvé de nombreux anciens collègues retraités de Bruxelles, comme Antonio Maria Foresi et Paolo Cantore) et la France, où vit sa fille Alessandra, avec de brèves escales à Bruxelles également.
Il aimait beaucoup ses deux enfants, Alessandra et Enrico, vers lesquels nos pensées se tournent aujourd’hui, pleines de tristesse et de gratitude pour le grand homme et journaliste qu’était leur père, pour notre ‘Maire’ idéal que nous n’oublierons jamais.
Lorenzo Consoli