Lorsqu’au début de 1995, Costas Verros, président de l’API depuis 1991, décida de rejoindre le groupe des porte-parole de la Commission européenne, cela avait surpris de nombreux collègues. Un journaliste qui change de camp ? Eh bien, Costas pensait qu’il était temps de changer – ni pour la première ni pour la dernière fois pendant sa carrière professionnelle.
Avant de se lancer dans le journalisme au début des années 80, il avait travaillé pour le service diplomatique de son pays d’origine, la Grèce. Que ce soit en tant que diplomate, journaliste ou porte-parole de la Commission Européenne, une chose était constante : sa gentillesse et sa loyauté.
Le samedi 15 avril, jour de son 76ème anniversaire, Costas est décédé à Athènes des suites d’une longue maladie. Nos pensées vont à un collègue respecté et aimable qui a dirigé l’API en tant que président pendant une période difficile jusqu`à la fin de 1994.
Après avoir passé du temps dans les représentations diplomatiques grecques à Bruxelles, Londres et Strasbourg, Costas avait commencé à travailler à Bruxelles en tant que journaliste. Quelques années plus tard, il devient correspondant à Bruxelles pour la nouvelle chaîne de télévision Antenna Group. À cette époque, il s’est de plus en plus impliqué dans l’API, dont il est devenu le président en 1991. Sur une vingtaine de membres du conseil de l’API, trois étaient des journalistes grecs : Costas Verros, Costas Moschanas et Nikos Bellos.
Parmi les tâches les plus délicates de sa présidence de l’API figurait le changement de régime linguistique dans la salle de presse de la Commission. Au sein du conseil de l’API, il y avait une certaine réticence, non seulement de la part des représentants des collègues français, à passer du régime unilingue français au régime bilingue, avec l’anglais et le français sur un pied d’égalité. Costas avait réussi à calmer le jeu, ce qui avait finalement aidé à parvenir à un accord entre tous les groupes. Avec l’arrivée de la Commission Santer au début de 1995, l’anglais a obtenu le même statut que le français dans les briefings de presse quotidiens.
Il y avait un autre problème spécifique qui montrait à quel point Costas remplissait sa tâche de manière diligente en tant que président de l’API. Lorsqu’une grande majorité des membres du Conseil de l’API avait demandé une interdiction de fumer au centre de presse du Conseil des ministres dans le bâtiment Charlemagne, Costas avait pris à son compte la demande et le Conseil de l’UE a accepté d’instaurer une interdiction. Cela dit, être fidèle à Costas ne signifiait nullement de renoncer à ses propres convictions. Mais il s’agissait de défendre les intérêts de la presse telles que exprimés par une nette majorité.
Aller dans le même sens – cela était vu par Costas comme enjeu majeur pour la crédibilité de l’API. En octobre 1993, dans un éditorial d’API News, il insista sur l’importance pour les membres de soutenir activement les actions de l’association : «Si l’API veut bien défendre les intérêts des journalistes étrangers, elle a besoin du plein soutien de ses membres. Ce n’est qu’ainsi que le Conseil aura l’autorité nécessaire pour négocier avec les autorités européennes et belges. » Trente ans plus tard, cet appel reste certainement valable.
Début 1995, Costas était devenu porte-parole de Christos Papoutsis, le membre grec de la Commission Santer responsable de l’énergie, des petites et moyennes entreprises et du tourisme. Lorsque la Commission démissionna en mars 1999 et que la Commission Prodi prit ses fonctions et changé toute l’équipe de porte-parole, il était temps pour Costas de changer de camp une fois de plus. Il est retourné dans son pays d’origine et dans le journalisme. Jusqu’à sa retraite en 2012, il à travaillé comme journaliste de télévision à Athènes et à Thessalonique où il a participé à la création de la chaîne Makedonia TV, qu’il a dirigée avec succès.
Costas a passé les dernières années de sa vie à Athènes. Non seulement dans sa ville natale, on se souviendra de lui comme d’une personne habile, consciencieuse et aimable.
(MS)
